(15 février 1907 – 18 mai 2002) : Thérèse Cazelles

Une vie de courage, d’engagement et de service

Thérèse Cazelles est de ces figures discrètes mais essentielles, dont le destin s’est confondu avec les grandes heures — et les grandes douleurs — de notre histoire.

Née le 15 février 1907 à Manosque, elle épouse en 1929 Julien Cazelles. Tous deux instituteurs et militants engagés au sein de la SFIO, ils partagent la même foi en la justice sociale, la solidarité, l’éducation et la République. Dès 1936, ils s’installent à Draguignan, où leur engagement prendra une dimension nouvelle, plus périlleuse, plus héroïque : celle de la Résistance.

Aux côtés de son mari, figure du mouvement COMBAT dans le Var et des Mouvements Unis de la Résistance, Thérèse s’engage sans relâche. Dans l’ombre, mais toujours en première ligne, elle devient agent de liaison du Mouvement de Libération nationale. Elle transmet messages et matériel, héberge des agents radios parachutés, participe à des actions de terrain, au risque constant de sa vie.

Son courage éclate au grand jour à deux reprises mémorables. Le 16 août 1944, quelques heures à peine après la Libération de Draguignan, elle traverse les lignes ennemies à vélo avec son amie Hélène Vidal pour prévenir les troupes américaines : le bombardement prévu doit être annulé. Ce message sauve la ville.

Un autre acte d’audace la marque : feignant une grossesse avec un coussin dissimulé sous ses vêtements, elle récupère un poste émetteur caché dans un train, trompant ainsi la vigilance allemande. Audace, sang-froid et ingéniosité sont les vertus dont elle fit preuve sans jamais rechercher la lumière.

Mais son héroïsme ne fut pas que physique. Il fut aussi moral. Lorsqu’à la Libération, des prisonniers allemands blessés sont menacés d’exécution par des « résistants de la dernière heure », elle s’interpose fermement. Elle sauve ces hommes au nom de l’humanité, du droit et de la justice. Cette dignité dans l’après-guerre honore autant sa mémoire que ses actes de bravoure pendant l’Occupation.

Après la guerre, son engagement se poursuit dans l’action publique. Élue en 1945 conseillère municipale à Draguignan, elle s’investit dans les affaires sociales. En 1961, elle devient la première femme maire de Roquebrune, succédant à son mari après son décès. Jusqu’en 1971, elle exerce ce mandat avec humanité, rigueur et proximité.

Retirée ensuite aux Issambres, elle continue de rayonner auprès des siens. Elle s’éteint le 18 mai 2002, à l’âge de 95 ans, laissant derrière elle une œuvre de vie exemplaire et une mémoire vive.

Titulaire de la Médaille de la Résistance, elle est aujourd’hui honorée par un parc qui porte son nom aux Issambres. Mais au-delà de la pierre et du bronze, c’est dans nos cœurs, nos engagements et notre mémoire collective que vit Thérèse Cazelles, femme de courage, femme de convictions, femme d’action.